top of page

Chapitre 16 : Tout se dessine

Tout n'était plus que noir absolu. L'ambiance sinistre qui régnait m’obscurcissait de plus en plus la vue. Seule, je m'avançais d'un pas léger, presque impassible, plus déterminé que jamais, vers mon but avec à la main, la précieuse carte qui me montrait le chemin. Je continuai de marcher à la même allure, cependant, avec une légère rapidité. Je montai et traversai chaque marche des escaliers qui au fur et à mesure de mon avancée se dressaient devant moi. Ce ne fut qu'au bout de quelques minutes bien longues que je me retrouvais enfin au 7 ème étage, placée devant un mur solide fait de pierre semblable à tout ceux dont était construit l'école. Je restai là, sans bouger une seule seconde, à le contempler de mes yeux bruns, grands ouverts, ne sachant dans un premier temps, pas quoi faire. Je ne savais comment mais j'allais devoir y entrer car derrière ce mur à l'apparence des plus banales, ce cachait en ce soir de pleine lune, une salle pleine de mystère qui allait enfin répondre à certaine de mes questions : la salle sur demande. Comme son nom l'indiquait, elle n'était là que si nous en avions véritablement besoin, mais avais-je vraiment envie de découvrir ce que ses murs renfermaient derrière cette simple apparence ? Je me le demandais bien car même si l'envie d'aider mon ami était bien là, mon cœur était tiraillé par un tout autre chemin, chemin qui se montrait incertain. N'est-ce peut être pas tout simplement lui que je recherchai en vérité, et pas forcément ce qu'il pouvait caché ? A défaut de vouloir savoir à tout pris ce qu'il faisait, je voulais juste comprendre pourquoi il était lui et pourquoi j'étais moi. J'ai souvent entendu autour de moi que notre vécu est notre forgeur d'âme. Aujourd'hui, rien ne me semblait plus vrai que ces dires. Derrières les pages qui nous construisent, nous faisons notre avenir sur les valeurs que nous avions apprises dès notre plus tendre enfance ; s'en défaire relevait d'une action inenvisageable, alors, je voulais savoir ce que cachait un être à l'apparence aussi élégante que ténébreuse, que cachait ce visage qui se trouvait bénit par la peur. Sur cette dernière pensée, dans un geste presque des plus naturelles, je fermais les paupières, laissant mon esprit tracer le récit des moments où je m'étais retrouvée seule en sa présence. Je laissais mon corps prendre possession des sentiments que j'avais sagement cachés au plus profond de moi-même, et les laissèrent resurgirent afin d'affronter une bonne fois pour toute cette vérité bien douloureuse en face. Tout me sautait à la figure telle une explosion de mes mémoires : son visage mesquin à bord du Poudlard Express ; notre règlement de compte qui s'était finit l'un au dessus de l'autre dans un combat sauvage ; la retenue que nous avions partagé, où pour la toute première fois, j'avais vu naître un sourire radieux et sincère sur son visage de marbre ; les toilettes de Mimi Geignarde, où ses pleurs m'avaient littéralement sautés à la figure, giflant mon subconscient ; nos doigts entrelacés le temps d'une danse au cours du bal de Noël ; ses bras protecteurs où j'avais été blottis étant inconsciente, ce jour même où sans le savoir, il m'avait "sauvé" en quelque sorte la vie ; la révélation troublante que j'avais découvert sur ses agissements envers Katie Bell ; ce moment tout simplement magique que j'avais passé à ses côtés sur son balai ; l'ignorance et le pendentif qui, de sa magnifique couleur émeraude, resplendissait sous mon cou, de mille éclats. Ce n'est que lorsque je commençai à accepter ce qu'il m'arrivait, qu'une larme perla douloureusement sur mes joues rosées, jusqu'à atteindre le sol pâle, avant qu'une porte dissimulée n'apparaisse devant mes yeux, dans le calme le plus complet de la nuit. Je restai juste encore quelques instants seulement, figée avec les paupières closes, m'imprégnant de l'ambiance austère et pourtant si sereine. Je fini, d'un geste habile, par essuyer, du revers de la main, mon visage humide. J'avançai d'un pas en avant sans me retourner, et c'est avec une légère poigne que je franchis la porte en bois brut qui me faisait face. Arrivée dans celle-ci, je me retrouvai à l'intérieur d'une salle qui était sans l'ombre d'un doute, immense, voir tout simplement gigantesque car je n'en voyais pas le bout. On aurait pu croire qu'un véritable cataclysme était passé par là, ravageant absolument tout sur son passage. Tout un tas de meubles étaient entassés les uns sur les autres, à l'abandon, dans un désordre tout à fait monstre. Des objets qui avaient sans doute des propriétés magiques la remplissait tout autant. J'essayai bien malgré moi, de me frayer un chemin à travers tout ce bric-à-brac, tout en prenant une grande attention à ne pas trébucher sur un quelconque objet qui aurait très bien pu se trouver sur mon chemin, quant au détour d'un des chemins que je m'étais frayé, je me raidis soudainement à la vue de son corps hiératique. Il était là, dos à moi, faisant face à une armoire des plus étranges que je reconnue trait pour trait d'après la description qui m'avait été faite : l'armoire à disparaître. Il était habillé tout comme l'après-midi même, de son costume trois pièces noir. Il semblait porter une attention toute particulière à ce qu'il se trouvait devant lui et ce n'est que lorsqu'il posa une de ses mains sur le bois très nettement travaillé de celle-ci, sans bouger, avec une certaine retenu, que sa voix grave emplit la pièce.




- Pourquoi je m'en doutais, Williams ?




Je restai, au cours d'un instant, pétrifiée, sans faire un seul pas de plus alors que ma respiration se faisait plus rapide et bien plus prononcée. Il choisit ce moment-ci pour se retourner et se confronter à mon regard, à moi toute entière. Il ne dit aucun mot, me regardait seulement de ses yeux perçants aussi sombre que la braise, qui, je devais dire, étaient curieusement calmes. Comment savait-il que j'allais me retrouver en ce soir même, ici, alors que je l'ignorai encore, il y a de cela plusieurs heures ? D'une façon où d'une autre, il avait sentit ma présence, tout comme j'avais senti la sienne de nombreuses fois, sans pour autant l'avoir vu de mes yeux. C'était une bien étrange sensation qui m'avait été offerte de découvrir. J'arrivai sans peine à reconnaître la mélodie de ses pas joncher le carrelage ou encore l'herbe fraîche du parc lorsqu'il s'approchait de moi et les délicats murmures de sa voix chantonnant à travers mes oreilles. En le regardant, comme il était devant moi, je ne pouvais me résigner. Je devais trouver ce qu'il manigançait, quitte à user de la force si nécessaire, je devais le faire, c'était le seul moyen qui s'offrait à moi, je n'en avais nul autre et je le savais. Malgré ma présence détectée, il ne se retourna pas pour autant. Je m'avançai prudemment alors, non pas de lui mais de l'armoire qui se trouvait juste en face et que je finis par examiner sur toutes ses coutures. Harry avait raison, toute l'énigme reposait autour de cette fameuse armoire. Elle était bien là, faite d'ébène sur toute la largeur. Je laissai un profond soupir s'échapper de mes lèvres avant de me tourner, le corps simplement vêtu de mon pyjama qui était recouvert de ma fine robe de chambre, vers lui, qui n'avait pas bouger une seule seconde depuis que j'étais entrée. Il restait là, bel et bien immobile, le regard plongé dans le vide sans que je ne puisse déceler aucun sentiment de sa part, aucune faille qui aurait pu me faire comprendre. Il restait lui-même, imperturbable, ne laissant rien paraître, fermant son esprit à toute émotion, pourtant, je me devais de soutenir son regard et d'aller droit au but.




- Pourquoi tout ça, Malefoy ?, demandais-je. Que comptes-tu bien faire avec ?, dis-je presque à moi-même, pensive.
- Comment as-tu réussi à me trouver ?, ajouta -t-il.
- A quoi va-t-elle te servir ? Qu'est-ce qui va se passer ?, continuais-je à déclarer, sans relâcher mon regard du sien. Tu ne peux plus te cacher Malefoy, c'est terminé, je sais tout !, finis-je par dire avec regrets.
- Tu ne sais rien de moi Williams, rien de ce que je serai capable de te faire ici même, à l'instant !
- Tu ne feras rien !, balançais-je.




Sur ses paroles, je m'approchais de lui avec un soupçon d'hésitation que je ne me connaissais pas. J'étais soudainement hésitante, presque peureuse de la situation. Tout allait ce jouer ici même, à ce moment. Mes pulsions se furent plus rapide mais je savais ce que je m'apprêtai à faire, alors je ne perdis pas de temps car le temps, lui, était bien trop précieux pour qu'on le laisse faire de nous ses esclaves. Arrivée à sa hauteur, je pris d'une façon vive et presque sensible, son avant-bras gauche, où je remontai avec délicatesse et douceur la manche de sa chemise, laissant paraître de façon claire et distincte sur sa peau blanche et pâle la marque des ténèbres d'un noir profond et intense qui contrastait beaucoup trop avec la couleur naturelle de sa peau. Elle était bien plus horrible sur lui que je ne l'aurai jamais imaginé. Comment tout ça avait bien pu arriver ? Même si je savais, je ne l'avais jamais encore vu de mes propre yeux, et le spectacle était terrifiant à bien des points. Elle se tenait en mouvement sur son bras telle une sangsue qui lui arrachait à petit feu la vie, surmonté d'un crâne incroyablement sombre d'où s'échappait le corps obscène d'un serpent tout aussi obscur. Je le tenais fermement sans aucune intention de le lui lâcher. Mes doigts restaient désespéramment entrelacés contre son bras qui me faisait à présent face devant mes yeux terriblement impuissants. Sa réaction ne se fit pas attendre, que ma tête se retrouva bien vite placardée contre l'entrée de la porte de l'armoire, à sa merci la plus totale. Sa baguette en cet instant se dessinait parfaitement sous les traits de ma gorge glaciale et bien que mon corps tremblait tout entier de l'intérieur devant sa carrure qui, malgré sa maigreur actuel, restait imposante, à l'extérieur je ne laissai rien paraître une seule seconde, montrant toute la force que mon esprit pouvait porter. Les mots qui m'écorchaient la bouche sortirent d'eux-même sans que je ne puisse les arrêter.




- Ça devient décidément une habitude entre nous Malefoy, maintenant !, dis-je, esquissant un sourire sur le bout de mes lèvres, mais je ne me laisserai pas faire, pas cette fois, confiai-je, hors de moi, lâchant par la même occasion les larmes qui étaient restées bien trop longtemps en moi. Tu es terrorisé, Malefoy, je le suis aussi et j'ai plus envie de me cacher. Il est temps que tu comprennes, tu ne peux pas faire comme si rien ne se passait, regarde toi. J'ignore ce que tu comptes faire ou encore dire mais ça te détruit, je l'ai vu, je le vois encore aujourd'hui de mes propres yeux. Ce n'est pas toi, ça !, dis-je montrant l'armoire sur laquelle ma tête reposait à présent. Tu as peur de ce que c'est entrain de te faire, ça te bouffe, tu ne contrôles plus rien, cette chose que tu essayes d'accomplir te ronge de l'intérieur et tu as peur de ce que j'ai réussi a dissimuler entre les lignes. Tu as pu tromper tout ton monde jusqu'à Rogue, mais pas moi Malefoy, pas moi ni même ton corps que tu détruis ! 




La situation m'échappait quelque peu, je n'avais pas prévu que mes paroles prennent le dessus sur mes pensées mais les faits étaient là et je ne le regrettai pas, au fond il avait besoin de l'entendre de la voix d'une personne, même si ça devait être de la mienne. Je vis son esprit s'égarer plusieurs longues minutes comme s'il réfléchissait à mes mots. Il était comme plongé dans un combat intérieur, pesant mes paroles, jusqu'à les consumer entièrement. Il fallait que je comprenne ce qu'il arrivait, pourquoi fallait-il qu'il se comporte ainsi ? C'est à l'instant où je pensai subir une rage certaine qu'il ne fit rien. Ses yeux, redevenus d'un gris-bleu océan, observaient les traits de mon visage avec une certaine incompréhension. Encore une fois, je m'y plongeai avec délice avant que je ne sois moi-même surprise de la brillance soudaine qu'ils avaient prient alors que j'observai les fines gouttelettes d'eau qui étaient tombées de ceux-ci, dans un refrain presque anodin. Je voyais que le masque commençait peu à peu à tomber.




- Que m'arrive-t-il, Williams ?, finit-il par prononcer.
- Je... Je n'en sais rien, Malefoy !, dis-je hésitante, je crois que toi seul le sait ! 
- Je ne parle pas de ça, s'exclama-t-il, tout en soutenant ses yeux dans les miens, qu'est-ce que tu m'as fait Williams ? Pourquoi je n'arrive pas à te faire du mal ? Comment j'ai pu te laisser encore en vie alors que tu ne devrais plus faire partie de ce monde ?, dit-il, plaçant ma main dans la sienne avant de la poser contre son torse terriblement froid où je sentais les battements de son cœur battre contre ma peau frêle et tiède.




Le contact de sa peau me fit tressaillir avant de me faire parcourir une douce et légère chaleur à travers tout mon corps. Les larmes tombèrent d'elles-mêmes de façon plus abondante, dévalisant mon visage tout entier, sans pour autant s'arrêter. Ce n'est sans un dernier regard l'un pour l'autre qu'il rapprocha dangereusement son corps du mien comme pour me réchauffer de sa présence. Quelques petits centimètres nous séparaient seulement. Bien que nous avions déjà partagé cette distance entre nos deux corps, jamais je ne m'étais senti aussi proche de lui qu'en cet instant. De ses doigts parfaitement masculins, il épousait à la perfection le contour de mon visage avant d'aller s'égarer sur mes lèvres.




- Tu as peur ?, insista-t-il, sans aucune once de méchanceté.




C'est d'un signe de tête très précis que je lui affirmai que non, avant que dans un accord commun nous scellions ensemble nos larmes, posant mes lèvres contre les siennes, dans un baiser profond et déchirant. Je me sentais renaître sous la douceur de ses fines et délicates lèvres humides. Je ressentais un bonheur intense qui plongeait au plus profond de mes entrailles, jusqu'à me déchirer, perforer toutes les barrières que je m'étais forgés, baissant toutes les armes, en entamant à présent, une danse endiablée au rythme de nos battements de cœur qui se faisaient beaucoup plus irréguliers et saccadés. Il faisait preuve d'une douceur et d'une tendresse déconcertante me faisant tout simplement perdre la tête, l'esprit, tout en faisant ressortir en moi toute une palette de sentiments encore à ce jour inconnu. Contrairement aux autres fois, il avait demandé d'une certaine façon mon accord et je lui en était reconnaissante. Je finis par mettre mes mains dans ses cheveux si parfait afin d'approcher presque égoïstement encore plus son visage du mien par peur que cette instant ne soit qu'un rêve et que lorsque j'ouvrirai les yeux, il ne serait plus là, me portant tout contre lui alors je laissai mes paupières fermées et serrées. Son souffle chaud haletait sur ma peau alors que je m’imprégnai de sa douce et imperceptible odeur mentholée. Je revoyais son envoûtant regard dans ma tête, et je savais, à présent, qu'il ne me quitterait plus jamais. Je ne voulais pas penser aux conséquences de cet acte, je pensais au présent, le futur me paraissait bien loin. Pourtant, tout ça était bien réelle, nous deux, dans la salle sur demande, partageant un moment unique, ensemble. En ce soir de pleine lune particulièrement belle, deux âmes avaient mit fin à leurs préjugés.

bottom of page